Quand « l’affaire est pliée », c’est qu’elle a été menée à bien et qu’elle est terminée ; bref, c’est qu’elle « ne fait plus un pli ». En imprimerie aussi, le pliage fait partie des dernières étapes de fabrication. Une étape délicate, qui exige du soin et du savoir-faire.
Très souvent, les imprimés doivent être pliés. Soit pour leur donner leur aspect final (dans le cas des dépliants, menus, fardes, etc.), soit en vue d’être reliés.
Quel pli choisir ?
En fonction de l’apparence que l’on veut donner au produit, on aura le choix entre différents types de pli qui permettent d’organiser le document et de le structurer en plusieurs volets ou surfaces, qui peuvent être consacrés à des contenus différents.

• Pli simple : comme le nom l’indique, il s’agit d’un pli unique, vertical ou horizontal, correspondant à 2 volets.
• Pli roulé : couramment utilisé pour les flyers, le pli roulé comporte plusieurs plis parallèles (généralement 2 ou 3, soit 3 ou 4 volets) permettant de replier le document sur lui-même, un volet après l’autre, à gauche et à droite du volet central. La fermetureest très intuitive, ce qui le rend pratique pour l’utilisateur.
• Pli zig-zag ou accordéon : aussi facile et répandu que le précédent, le pli zig-zag comprend lui aussi plusieurs plis parallèles, mais le sens de pliage change à chaque fois. Il est utilisé notamment pour les notices d’utilisation ou les plans. Avantage : il permet de créer un grand nombre de volets.
• Pli tabernacle ou pli fenêtre : celui-ci comporte deux plis parallèles qui permettent de rabattre les volets extérieurs vers le centre, comme les battants d’une fenêtre. À la différence du pli roulé, ces volets ne se chevauchent pas.
• Pli portefeuille : c’est une variante du pli fenêtre, avec un pli supplémentaire au centre du document, soit 4 volets au lieu de 3. Les volets extérieurs, qui doivent être un peu plus petits, se rabattent sur les volets centraux.
• Pli économique : ainsi nommé car il épargne une opération et coûte donc moins cher à façonner. Le document est d’abord plié en deux, puis on lui applique un second pli parallèle, ce qui donne 3 plis en 2 mouvements seulement. Les volets rentrent les uns dans les autres, ce qui implique une ouverture en deux temps.
• Pli croisé : il comporte un pli central et un ou plusieurs plis perpendiculaires. Très courant, il est surtout utilisé pour les notices et les plans.
Du soin et de la précision
Le pliage est une opération délicate, car elle soumet le papier à de fortes contraintes mécaniques d’étirement et d’écrasement des fibres. Elle doit donc être menée avec soin et précision pour éviter d’éventuels dégâts.
Pour les papiers de fort grammage (à partir de 170 g/m²), le pliage est généralement précédé d’un rainage : cela consiste à préparer le pliage en le traçant par une rainure qui assouplit les fibres et réduit le risque de « casser » le papier. Le rainage doit être appliqué du recto vers le verso de l’imprimé et parallèlement au sens du papier – car oui, la plupart des papiers ont un sens : celui de l’orientation des fibres, lui-même déterminé par le sens de coulée de la pâte lors de la fabrication.
Le risque de casse est plus élevé sur les papiers couchés (sur lesquels on a appliqué une couche de finition pour améliorer leur surface) : plus sensible que les fibres, la couche, principalement composée de pigments et de liants, tolère moins les contraintes. Elle a tendance à se craqueler ou éclater au pliage, ce qui sera d’autant plus visible si le papier est imprimé au niveau du pli.
Là aussi, le sens du papier a son importance, mais ce n’est pas le seul élément à prendre en compte. La plieuse doit être minutieusement réglée en fonction du papier : vitesse de travail, pression appliquée, angle des outils de pliage peuvent réduire ou augmenter le risque de casse.
Enfin, attention aux plis croisés. Ils ont tendance à enfermer l’air, ce qui peut produire des « pattes d’oie » : des rides disgracieuses à la surface du papier. Pour réduire ce risque, on peut « descendre » en grammage et choisir un papier plus léger mais, au-delà de 2 ou 3 plis superposés, le défaut sera inévitable.
Pas plus de 8 plis ?
Le pliage a bien sûr ses limites. L’adage veut qu’il serait impossible de plier plus de 7 ou 8fois une feuille de papier, quelle que soit sa taille ou son épaisseur : après 8 plis, l’épaisseur de la feuille est multipliée par 256 alors que sa surface est divisée par le même facteur !

Britney Gallivan (@Photo Guinness Book)
Empiriquement, cette règle se vérifie quand on plie en croix, mais pas quand on plie en parallèle. Britney Gallivan, une étudiante américaine, l’a démontré en 2002 : elle a mis au point une formule mathématique permettant de calculer le nombre de plis selon le format et l’épaisseur du papier. Puis elle l’a mise en pratique en pliant douze fois, parallèlement sur elle-même, une bande de papier longue de 1200 m environ. Son record, enregistré par le Guinness Book, tient toujours !